Unir les forces pour renforcer la résilience financière des pays les moins avancés

PUBLIÉ le 03 mars 2023
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Actuellement active aux Comores, au Sénégal et en Ouganda, l'Initiative d'engagement vise à renforcer les capacités de gestion des risques financiers dans les pays les moins avancés afin de protéger la vie et les moyens de subsistance des personnes les plus vulnérables.

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PNUD Ouganda
Auteurs
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Jan Kellett

Chef d'équipe, Mécanisme de financement des assurances et des risques, PNUD

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Aniket Ghai

Aniket Ghai, responsable des affaires économiques, UN-OHRLLS

Le monde est de plus en plus complexe et de plus en plus risqué. Les risques naturels, les phénomènes météorologiques extrêmes et les autres chocs liés aux catastrophes sont de plus en plus fréquents et constituent une menace importante pour les progrès en matière de développement durable, d'autant plus qu'ils n'apparaissent pas isolément, mais s'ajoutent de plus en plus à d'autres chocs tels que la pandémie et la flambée des prix des denrées alimentaires et de l'énergie, pour former des vulnérabilités et des risques massifs et complexes.

Les pays les moins avancés (PMA) sont les plus gravement touchés par ces chocs multiples, mais ils n'ont souvent pas les capacités nécessaires pour les gérer. C'est notamment le cas de la gestion financière, dont les multiples faiblesses rendent les pays très vulnérables aux chocs, ce qui contribue à la statistique alarmante de 60 % des PMA déjà en situation de surendettement ou risquant de l'être1, alors qu'ils n'étaient que 39 % avant la pandémie. L'assurance et le financement des risques sont de plus en plus considérés comme essentiels au développement durable. Cependant, les taux de pénétration de l'assurance dans les PMA sont souvent inférieurs à 1 %, contre 5, 6 ou 7 % dans d'autres pays en développement. En outre, le déficit de protection (l'écart entre les pertes assurées et non assurées à la suite d'une catastrophe) est inférieur à 10 % dans tous les pays en développement, et encore plus faible dans les PMA.

Les mécanismes permettant de mobiliser rapidement des fonds pour répondre aux catastrophes ne sont souvent pas intégrés dans les processus budgétaires et les plans de développement, les compagnies d'assurance sont dissuadées par une législation restrictive, la demande d'assurance est également faible en raison d'un manque de sensibilisation et/ou de confiance dans les régimes d'assurance, et il existe également des problèmes liés à l'accessibilité financière des primes. Souvent, la gestion des finances publiques ne s'appuie pas sur une compréhension des risques et ne tient donc pas compte de la nécessité d'une gestion des risques financiers. L'engagement avec le secteur privé, qu'il soit national, régional ou international, est souvent compromis par un manque de compréhension des problèmes, des défis et des opportunités. Ensemble, ces problèmes entraînent une vulnérabilité financière massive, laissant les communautés et les pays les plus à risque exposés aux risques, et les vies, les moyens de subsistance et les actifs essentiels largement sans protection.

Pour renforcer la résilience financière face aux risques climatiques et intégrer l'assurance et le financement des risques dans le développement, l'IRFF travaille avec 17 des plus grands assureurs mondiaux pour développer des solutions de financement des risques souverains dans 22 pays, dont cinq PMA - le Bangladesh, le Népal, la Tanzanie, l'Éthiopie et le Mozambique. Cependant, il est urgent de faire beaucoup plus dans les PMA et c'est pour cette raison que la Facilité d'assurance et de financement des risques (IRFF) du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a lancé l'Initiative d'engagement. Il s'agit d'un programme spécifique qui vise à renforcer la capacité des PMA à adopter des solutions d'assurance et de financement des risques, à améliorer l'environnement réglementaire et législatif, à intégrer le transfert des risques dans le processus décisionnel des gouvernements et à favoriser l'engagement entre les gouvernements et le secteur de l'assurance. L'initiative est actuellement active dans trois pays - les Comores, le Sénégal et l'Ouganda - et en sélectionnera bientôt deux autres. Elle est financée par le gouvernement allemand (BMZ). Le programme de travail dans chaque pays est adapté et s'appuie sur un diagnostic de l'environnement actuel de l'assurance et du financement des risques dans chaque PMA.

La conférence PMA5 de Doha est l'occasion non seulement de mettre en lumière ces questions, mais aussi d'œuvrer à leur résolution à long terme. C'est pourquoi le PNUD et le Bureau du Haut Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (UN-OHRLLS) ont uni leurs forces pour s'attaquer à ce problème en renforçant la résilience financière de ces pays, en élargissant le programme de travail actuel à 20 pays au cours des cinq prochaines années.

Non seulement cet investissement dans les composantes fondamentales de la gestion des risques financiers protégera les vies et les moyens de subsistance des plus vulnérables, mais il éliminera de plus en plus l'incertitude et le risque de l'économie et de la société, encourageant ainsi la croissance et le développement. Le plan d'action de Doha pour les PMA est un document essentiel qui présente une feuille de route non seulement pour la stabilité des PMA, mais aussi pour leur croissance. Dans un monde où les nouvelles sont le plus souvent sombres, cette initiative suscitera l'espoir et transformera le potentiel en prospérité. Le renforcement de la protection financière de ces pays peut et doit permettre à cette vision de se réaliser.